On a tous déjà regardé une vidéo montrant des coureur-euse-s participer à une course de haies. À première vue, la piste de course est identique à toutes les autres pistes d’athlétisme… à un détail près : elle est jonchée d’obstacles. Le signal de départ est lancé et on voit les coureur-euse-s, le regard déterminé, s’élancer vers le fil d’arrivée. Il-elle-s enjambent une haie, puis une autre, puis une autre encore, sans jamais ralentir ou hésiter. Pour nous, simple spectateur-trice caché derrière notre écran, chaque haie est franchie avec une facilité déconcertante et aucune ne semble être capable de freiner leur train.
La course terminée et le vainqueur couronné, on ferme notre écran, satisfait de s’être changé les idées en « niaisant » un peu sur internet, et on retourne à nos recherches. Certains enfilent un sarrau, d’autres ouvrent de gros bouquins alors que d’autres s’installent pour un douze heures de rédaction. Toute la journée, on creuse, on questionne, on expérimente, on analyse, on examine et on recommence. Toute la journée, on enjambe sans hésitation les obstacles qui se présentent sur notre chemin pour mener à terme nos travaux. Pour un ami ou un membre de la famille qui nous regardent de loin, rien ne peut nous arrêter. Rien… ou presque. Il arrive parfois qu’une haie de trop surgisse devant nous et nous freine brusquement. Elle n’est pas nécessairement plus haute que les autres, elle n’est pas nécessairement plus rapprochée que les autres, elle est simplement de trop.
L’endettement, le manque d’employabilité suite au doctorat, l’intégration parfois difficile à la communauté universitaire, les nombreuses responsabilités parentales sont tous des haies de trop pouvant freiner notre parcours universitaire. Or, s’il est vrai que les obstacles peuvent être nombreux, nous souhaitons aujourd’hui tourner notre regard vers un obstacle psychologique que les chercheur-euse-s doivent trop souvent enjamber avec difficulté : le manque d’encadrement. En tant que chercheur-euse, notre travail s’inscrit toujours dans une relation d’encadrement avec notre direction de recherches; une relation où l’étudiant-e et l’enseignant-e ont des attentes réciproques parfois explicites, et parfois implicites : rencontres, intégration au milieu académique, financement… Des considérations importantes qui structurent pour ainsi dire toute la recherche de l’étudiant-e et son bien-être psychologique. Si ces attentes ne sont pas clairement identifiées ou qu’elles ne sont pas respectées, c’est l’ensemble du parcours académique de l’étudiant-e qui est mis en péril par cette charge mentale supplémentaire.
Les haies joncheront toujours le parcours de l’étudiant-e, et ce, à tous les cycles. Faute de pouvoir toutes les supprimer, il est de notre responsabilité de s’assurer que ces obstacles ne deviennent pas infranchissables. L’enjeu de l’encadrement est de ceux qui peuvent être supprimés. Plusieurs solutions sont d’ailleurs proposées dans notre Mémoire sur l’encadrement aux cycles supérieurs, notamment que l’Université Laval rende obligatoire la ratification et la signature d’une entente d’encadrement entre tous les étudiant-e-s aux cycles supérieurs et leur direction de recherche. Un tel règlement éviterait les malentendus et simplifierait la vie des étudiant-e-s et des professeurs. Il est d’ailleurs appliqué dans plusieurs universités québécoises (voir le mémoire L’encadrement aux cycles supérieurs de l’Union Étudiante du Québec à ce sujet).
Nous discutons d’ailleurs déjà avec l’administration de ce sujet, soyez certains que nous vous tiendrons au courant des avancements. D’ici là, n’hésitez pas à en parler à votre direction de recherche; des exemples de plan de collaboration sont d’ailleurs offertes sur le site Web la Faculté des études supérieures et postdoctorales. Nous terminons en vous rappelant que vous pouvez toujours communiquer avec Catherine Asselin, vice-présidente aux droits étudiants, au droits@aelies.ulaval.ca pour toutes questions en lien avec pour obtenir des conseils et de l’accompagnement dans la résolution de problèmes liés à vos droits.
- Le comité exécutif
Paru dans Impact Campus, Février 2019 (Vol. 01, No. 2).