C’est le 28 mars dernier que fût présenté à l’Assemblée nationale, par l’entremise du ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, monsieur Simon Jolin-Barrette, le projet de loi 21 sur la laïcité de l’État québécois. Ce troisième exercice du genre à ce sujet depuis 2012, après ceux des gouvernements Marois et Couillard, prévoit notamment l’interdiction du port de signes religieux pour tout individu employé de l’État québécois.
Les membres de l’AELIÉS, lors de l’Assemblée générale extraordinaire du 27 février 2019, ont adopté une position « contre tout projet de loi du gouvernement du Québec visant à bannir le port de signes religieux des employé-e-s de l’État ». Nous sentions donc le besoin, suite à cette prise de position, de formuler une critique formelle de ce projet de loi. En demandant aux individus de sacrifier l’expression de leur religion et leur individualité au profit de leur travail, le gouvernement cible une fois de plus une tranche de la population déjà marginalisée et stigmatisée : les femmes musulmanes.
Le gouvernement actuel, qui a affirmé à plusieurs reprises se retrouver dans une situation de pénurie de main-d’œuvre tout en cherchant à attirer de nouveaux enseignant-e-s, a déclaré le 4 avril dernier « qu’il y a d’autres emplois de disponibles » pour les futur-e-s enseignant-e-s désirant porter leur signe religieux. Il est tout à fait aberrant et inacceptable de voir une telle déclaration d’un gouvernement disant faire de l’éducation l’une de ses priorités.
De plus, près du tiers des membres de l’AELIÉS étant des étudiant-e-s internationaux de toutes origines et de confessions diverses, le gouvernement peut potentiellement se priver d’une partie de cette main-d’œuvre spécialisée et compétente désirant s’intégrer au marché du travail québécois suite à leurs études postsecondaires.
C’est donc pour les raisons évoquées ci-haut que l’AELIÉS tient à ajouter sa voix aux 250 universitaires, parmi lesquels 27 travaillent à l’Université Laval, qui ont critiqué le projet de loi 21afin de dénoncer l’approche du gouvernement Legault en terme de laïcité de l’État québécois.