L’environnement va de l’avant, l’enseignement supérieur traîne derrière
Québec, le 10 mars 2020 — En réponse au dépôt du budget 2020-2021 du gouvernement provincial, l’Association des étudiantes et étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS) affirme son insatisfaction quant aux résultats globaux de ce deuxième exercice financier du gouvernement Legault et ce, malgré des mesures bienvenues en environnement.
Un financement de l’enseignement supérieur toujours inadéquat.
En raison des surplus budgétaires projetés, l’AELIÉS espérait que le gouvernement puisse réinvestir de manière considérable en éducation, plus particulièrement en enseignement supérieur. Le programme de l’enseignement supérieur qui sert à rendre accessibles les services d’enseignement aux étudiant·e·s des collèges et universités sera bonifié de 265,0 M$ cette année. De cette bonification, qui doit être saluée,100 M$ supplémentaires sont consacrés à la diplomation à l’enseignement supérieur et au rapprochement des établissements avec leur milieu. L’objectif se déclinera en différentes mesures, notamment par la promotion de l’accroissement du taux de diplomation à l’enseignement supérieur, à raison de 60 M$, ainsi que la création de créneaux d’expertise en enseignement supérieur, à hauteur de 30 M$. Bien que la stratégie demeure imprécise puisque les règles budgétaires du ministère de l’Éducation n’ont pas encore été adoptées, on entrevoit déjà très clairement la vision marchande de l’éducation du gouvernement actuel ; une vision marchande axée surtout vers l’innovation technologique et l’intelligence artificielle, comme en témoigne le nouveau programme de bourses en informatique et en génie qui sera créé et financé avec 5 M$ cette année.
Une recherche au service de l’économie
Cette marchandisation se manifeste dans le financement de la recherche, qui est une prérogative du ministère de l’Économie et de l’Innovation. Soulignons tout d’abord l’aide de 3 M$ accordée aux établissements universitaires de région afin d’améliorer leur capacité de recherche. Cette initiative permettra la création de cinq unités mixtes de recherche dans les universités régionales du réseau de l’Université du Québec.
Du côté du Fonds de recherche du Québec (FRQ), les montants des crédits accordés aux différents fonds de recherche restent essentiellement les mêmes que ceux de l’année passée, qu’il s’agisse du fonds en santé (FRQS), en société et culture (FRQSC) ou encore en nature et technologies (FRQNT). L’organisme demeure financé à 215,2 M$, ce que l’AELIÉS déplore dans un contexte où la recherche fondamentale souffre d’un manque de financement.
L’Aide financière aux études légèrement bonifiée
Le budget du programme d’Aide financière aux études totalise 842,1 M$, ce qui constitue une augmentation par rapport aux dépenses de 2019-2020. L’AELIÉS se réjouit de l’augmentation de 46,4 M$ pour l’aide financière aux études, car elle permettra de bonifier le programme de prêts et bourses. Malheureusement, il ne s’agit aucunement des 197 M$ revendiqués par l’Union étudiante du Québec, mais bien d’une fraction symbolique du montant réclamé.
Santé mentale
Dans le budget 2020-2021, le ministère des Finances prévoit 261,4 M$ d’ici 2024-2025 pour financer des initiatives en santé mentale dédiée à la population du Québec. L’AELIÉS salue cet investissement, bien malgré l’absence d’investissement spécifique pour la communauté étudiante, et ce, dans le contexte de la réception de l’enquête en santé mentale de l’Union étudiante du Québec (UEQ). L’AELIÉS espère que, dans l’attribution des règles budgétaires du ministère de la Santé, une partie des investissements soit transférée au ministère de l’Éducation pour financer la mise en place des plans institutionnels en santé mentale des universités du Québec.
Transport collectif et durabilité
Le budget propose des investissements surprenants dans l’électrification des transports, les projets de transport collectifs et l’amélioration de l’infrastructure existante. Reconnaissant d’emblée la validité scientifique de la lutte aux changements climatiques, on ne saurait accuser le gouvernement caquiste de procéder à du simple greenwashing. Cela dit, les cibles de réduction de 37,5 % des gaz à effet de serre (GES) par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030 ne correspondent pas aux cibles revendiquées par l’AELIÉS, soit de les réduire de 50 %.
Bien qu’attendu, un bémol vient quelque peu ternir cette annonce fort positive, celui du montant dédié à la planification du 3e lien entre Québec et Lévis. Il figure à titre de budget de planification à la construction d’un tunnel entre les deux villes. On peut encore se permettre de douter d’une réalisation éventuelle de ce 3e lien dans la forme envisagée actuellement.
Les grands projets structurants de transport en commun occupent une place de choix dans le budget 2020-2021 avec pas moins de 6 zones urbaines ciblées par l’étude ou la réalisation d’imposants chantiers de transport électrifiés, dont le Réseau de transport structurant de la Capitale nationale. Le gouvernement de la CAQ mise fort sur la valorisation des ressources hydroélectriques du Québec en mettant de l’avant les ressources hydroélectriques du Québec : d’ici 2030, il prévoit une réduction de 1 G$ en importation de combustibles fossiles. Nous tenons enfin à souligner l’allocation de 2,5 M$ sur trois ans pour le financement de l’élaboration et de la réalisation d’une campagne de sensibilisation et d’éducation sur la transition énergétique.